Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur la blancheur de la route, et le point gris lui-même s’effaça.

Tranquillisé, M. Lechat s’assit et poussa un soupir de soulagement.

— Je ne veux pas être dépassé, déclara-t-il, en posant sa grosse main sur mes genoux, je ne le veux pas… Comprenez-vous cela ?

— Parbleu ! fis-je, si je comprends cela !

— Tiens ! vous êtes rond, vous ! Bravo ! J’aime qu’on soit rond, moi !… C’est vrai aussi, ils sont là deux ou trois méchants hobereaux qui n’ont pas seulement vingt mille francs de rentes, et qui voudraient lutter avec mes trotteurs !… Regarde… Tu permets, hein ?… Regarde mes trotteurs… Dix-huit mille balles, mon vieux, dix-huit mille…

Il retourna encore la tête et n’apercevant plus rien sur la route, il ordonna au cocher de modérer l’allure des chevaux… M. Lechat me serra les genoux très fort.

— Écoute, reprit-il, tu vas voir… Avant-