Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/326

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meubles vagues, recouverts de housses, et les lustres emmaillotés de gaze métallique. En face de la porte d’entrée, le plan du domaine, énorme carte, teintée de couleurs voyantes, occupait tout un panneau.

— Tiens, me dit Lechat, le voilà, mon plan. Mes champs, mes forêts, tu les vois comme si tu te promenais dedans… Ces carrés rouges, ce sont mes vingt fermes… Amuse-toi à regarder, pendant que je vais prévenir ma femme… Tu sais, ne te gêne pas, regarde tout… Veux-tu te débarrasser de ton chapeau ?… À gauche, là-bas, le porte-manteau… ne te gêne pas… Dis donc, ne vas pas te figurer que ma femme soit comme les dames de Paris… C’est une paysanne, je t’avertis, elle manque d’usage… Vois-tu ça, noir ?… c’est ma distillerie… Veux-tu t’asseoir ?… ne te gêne pas.

Autour de moi, peu de meubles, de grandes armoires d’acajou, des tables, des fauteuils d’osier, des banquettes en cuir et quelques tableaux de chasse, mais sur les