Page:Mirbeau - Sébastien Roch, 1890.djvu/229

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tien reconnaît ses objets de toilette, son peigne, ses brosses, son éponge…

— Na… Et tantôt vous aurez une cuvette, et un broc plein d’eau… Arrangez-vous, monsieur Sébastien Roch.

— Savez-vous, demande Sébastien, si je dois rester longtemps ici ?

— Je ne sais rien, moi ! monsieur Sébastien Roch, proteste le frère, en un geste humilié… Je ne dois rien savoir… Il m’est interdit de savoir quelque chose…

— Et Juste Durand ?… Est-il resté longtemps ?… vous l’avez connu ?

— Ah ! le cher enfant. C’est moi qui lui apportais ses repas, et qui le promenais… Il a été bien édifiant. Il pleurait, c’était à fendre l’âme !

— Et Bolorec, où est-il ?

— Je ne sais pas… Allons, vous êtes prêt et bien propre, comme ça… Venez !

Sébastien suit le frère, une angoisse au cœur, les jambes toutes molles.

Le cabinet du Père Recteur était une pièce assez vaste, austère, dont les trois fenêtres donnaient sur la cour des grands. Un large bureau d’acajou, encombré de papiers, un haut cartonnier, une petite bibliothèque, garnie de livres usuels, deux fauteuils de chaque côté de la cheminée, et, sur les murs, çà et là, le portrait du Pape, l’image vénérée de saint Ignace, et divers objets de sainteté, toutes choses de forme carrée, en composaient le mobilier rigide et propre. Lorsque Sébastien entra, le Père était assis, à contre-jour, les jambes croisées sous la soutane, et il examinait une liasse de