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II


Sébastien, au commencement de l’année 1869, avait entrepris d’écrire, jour par jour, ses impressions, de noter ses idées et les menus événements de sa vie morale. Ces pages volantes, dont nous détachons quelques fragments, montreront, mieux que nous ne saurions le faire, l’état de son esprit, depuis sa rentrée dans la maison paternelle.



2 janvier 1869.


Pourquoi j’écris ces pages ? Est-ce par ennui et désœuvrement ? Est-ce pour occuper d’une façon quelconque les heures lentes des journées si lentes, si lourdes à vivre ? Est-ce pour m’essayer dans un art que je trouve beau, et tenter de faire avec la littérature ce que je n’ai pu faire avec la musique d’abord, avec le dessin ensuite ? Est-ce pour m’expliquer mieux ce qu’il y a en moi, pour moi-même, d’inexplicable ? Je n’en sais rien. D’ailleurs, à quoi bon le savoir ? Ces pages, que je commence et que je n’achèverai peut-être jamais, n’ont besoin