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Page:Mirbeau - Sébastien Roch, 1890.djvu/98

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guement, découvrant, entre chaque coup de gueule, ses dents qui semblaient, jovialement, fouiller la proie happée.

— Ouaou !… ouaou !

Jean de Kerral conclut :

— Eh bien, le père de ce méchant homme a fait un procès à papa ; et papa a été condamné à payer, à ce méchant homme, vingt-cinq mille francs, parce que, à la suite de cette chasse amusante, son fils est tombé malade, et qu’il est resté fou !… Mais papa se vengera, parce qu’il va se porter aux élections de député, et ramener le roi… Quand tu viendras chez nous, tu verras les chiens… ce sont de très bons chiens !…

Sébastien écoute la voix de son ami, cette voix qui gazouille, comme un oiseau chantant une chanson d’amour ; il aime M. de Kerral, malgré ses grosses moustaches blondes qui ne l’effrayent pas ; il aime le château ; il aime tout, sauf le méchant clerc d’huissier, à qui il ne peut pardonner de ne pas s’être laissé dévorer par les bons chiens de M. de Kerral, et d’avoir coûté à celui-ci tant d’argent.

Les clameurs, dans les bois, s’apaisent. L’écureuil est pris. Des élèves, triomphalement, le portent, pendu par la queue à une baguette comme un trophée. On rentre. Le retour est charmant. Pourtant, il y a dans l’esprit de Sébastien une inquiétude vague. Le récit de Jean le trouble, un peu, de remords incertains. Des images s’en lèvent, point rassurantes, d’un symbolisme brutal, où s’affirme l’inflexible et barbare loi de la force. François Pinchard et le charpentier Coudray,