Pourquoi ne passe-t-il pas de voiture ?… S’il passait une voiture… nous appellerions…
Tu sais bien que les voitures ne s’arrêtent pas… Elles ont trop froid… Écoute !… (Il tend l’oreille.)
Quoi ?
Écoute, donc !
Dis quoi ?… Est-ce la ville ?…
Écoute donc !… J’entends une voiture… Il me semble que c’est une voiture… là-bas… (On entend, en effet, un bruit vague, lointain, et qui cesse, peu à peu)… Tu n’entends pas ?
Non, je n’entends pas… J’entends des canards qui passent, dans l’air, au-dessus de nous… j’entends le vent… et mon cœur qui bat et mes oreilles qui bourdonnent !…
Écoute… écoute encore… (Il tend l’oreille, de nouveau. Le vent lui-même s’est tu… Dans le silence morne, c’est, très haut, comme un froissement, à peine perceptible, d’ailes fuyantes, le vol d’invisibles oiseaux de passage)… Non ce n’est pas une voiture… Ce n’est rien…
Ce n’est rien.