Aller au contenu

Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fils qui n’est jamais là… qui ne me cause que du tourment… Une fille dont l’esprit est sans cesse ailleurs… dont j’ignore tout de ses désirs et de sa pensée… et qui n’a jamais un sourire… une tendresse… pour moi… (Avec un gros soupir.) C’est bien la peine d’être si riche !…

GERMAINE

Mais… maman… ce n’est pas de ma faute…

MADAME LECHAT, hochant la tête.

C’est, sans doute, de la mienne… Je sais… oh ! je sais… je ne suis pas une femme supérieure, moi… Je ne peux pas parler avec toi de choses supérieures… de choses… comme vous en dites, sans doute, M. Garraud et toi…

GERMAINE, la voix un peu plus brève.

Maman… je t’en prie…

MADAME LECHAT

On ne m’a pas élevée pour ça… C’est vrai… Je ne suis qu’une femme de bon sens… (Un temps.) C’est moins flatteur dans la conversation… Ça vaut peut-être mieux dans la vie…

GERMAINE

Mais, maman… il ne s’agit pas de tout cela…

MADAME LECHAT

Oui… enfin !… Oh ! mon Dieu ! (Elle se lève.) C’est bien décidé ?… Tu ne viens pas à la messe avec moi ?

GERMAINE

Je t’assure… j’aime mieux rester…