la journée, j’ai été seule, seule, comme une pauvre chienne… André !…
Est-ce de ma faute ?… Tu ne tiens compte de rien, ni de mes tristesses… ni de ma vie gâchée, de mon intérieur détruit, de mes amitiés perdues… Toutes les bonnes volontés autour de toi, tu les décourages et tu te les aliènes… Et tu te plains !… Ça n’est pas juste… Je ne te reproche rien… mais enfin, il faut que je te le dise… tu exagères tes souffrances, et tu les rends insupportables… aux autres…
André !…
Aujourd’hui, tu voudrais m’empêcher de fumer… demain, tu me défendras de me balancer sur ce fauteuil… Et ce sera, tous les jours, quelque chose de nouveau… Si je sors, ce sont des pleurs, des scènes irritantes et pénibles… Si je reste près de toi, ce sont des reproches aigres, ou d’éternelles lamentations… Alors, qu’est-ce que tu veux ?… Tes caprices, tes exigences s’attaquent à mes plus impérieux besoins, comme à mes plaisirs les plus innocents… Dans ta chambre, mon Dieu !… je comprends, à la rigueur, que la fumée du tabac puisse t’incommoder… mais, ici… à l’air… dans le jardin ?… C’est de la persécution…
Eh bien, reste… et fume… Ça, de plus ou de moins, mon Dieu !
Ça, quoi ?… Ça, quoi !… Explique-toi !… Ma parole, on dirait que je te martyrise…