Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/22

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La Femme, d’une voix légèrement amère.

Mais oui… mais oui… Et je te remercie… (Il revient.) Approche ce fauteuil plus près de moi… encore plus près… comme ça, oui… Je te verrai mieux, maintenant… Oh ! je suis contente… Et ton cigare qui est éteint… Allons, rallume-le, grand bébé…

Le mari

Enfin… Puisque tu le veux…

(Le mari rallume son cigare, s’assoit dans le fauteuil, et, bien calé des coudes, des reins, des épaules, les jambes allongées, la tête confortablement renversée sur le dossier, il souffle de lents, de longs, de gros jets de fumée, qu’une petite brise pousse vers le visage de la femme. Un silence.)
La Femme, qui toussote mais n’ose faire un geste. Résignée.

André ?

Le mari

Je t’écoute.

La Femme, embarrassée.

Promets-moi de ne pas te fâcher ?

Le mari

Qu’y a-t-il encore ?… Ce n’est donc pas des choses agréables que tu as à me dire ?

La Femme

Si… si… je t’assure… Mais tu vas te fâcher ?

Le mari

Parle toujours… Nous verrons ensuite.

La Femme

Eh bien… (Un temps.) notre jolie voisine… (Un temps.)