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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/137

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Madeleine

C’est trop !… c’est trop !… Et si cela n’était pas possible ?… Rien que d’avoir entrevu ce bonheur… ah ! j’en suis sûre, je mourrais… (Jean l’étreint chastement. Madeleine s’abandonne tout à fait.) D’où donc es-tu venu, mon Jean, pour un tel miracle ?… Je suis forte et légère dans tes bras… je ne sens plus le poids de mon corps… ni le poids de mon cœur… je suis heureuse… heureuse… heureuse !… (Elle pleure.) Ah ! ton cœur à toi, qui bat comme une forge !…

Jean

Ne dis plus rien !…

Madeleine

Oui !… oui !

Jean

Reste contre moi…

Madeleine

Oui… oui !… (Silence. D’une voix faible.) Et le père ?… Et les petits ?…

Jean, la berçant.

Nous les garderons… Nous les protégerons…

Silence.
Madeleine

Mon Dieu ! mon Dieu !… Est-ce que c’est possible ?… (Tout à coup, elle s’arrache à l’étreinte, se lève, regarde vers la chambre. D’une voix haletante.) Et maman ?… et maman ?… Là !…