Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/156

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Robert

Ne pleure point… Il ne faut point, quand ils vont venir ici, qu’ils voient que tu as pleuré… Écoute-moi… Si tu étais une grande artiste, que tu fusses capable de donner à l’humanité un chef-d’œuvre… de souffrance et de pitié… ce serait bien… Mais, pour mettre un instant, dans ta vie oisive, une distraction ou une vanité… jouer ainsi avec la douleur et la misère des pauvres gens… je dis que c’est mal… que c’est indigne d’une âme haute…

Geneviève, piquée.

Je n’ai pas la prétention d’être une grande artiste… pourtant, ma médaille… au Salon… l’année dernière… cela veut bien dire quelque chose, il me semble…

Robert

Ma pauvre petite !…

Geneviève

Tu m’énerves… tu m’énerves… D’abord, je ne t’avais pas prié de venir ici… Je suis chez moi, ici… Pourquoi es-tu venu ?

Robert, très doux.

Je voudrais te faire comprendre… Geneviève, rappelle-toi notre admirable mère, dont les vertus préservèrent, si longtemps, cette maison des catastrophes qui la menacent aujourd’hui…

Geneviève

Eh bien !…