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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/157

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Robert

Eh bien, elle t’avait légué un grand devoir, et la plus belle, et la plus douce mission qu’il soit donné à une femme d’accomplir… l’apaisement des ivresses de la Force, l’intercession en faveur des faibles… l’éducation des ignorances et des brutalités… Ce devoir, dont je ne te demande pas de le porter — comme notre mère qui fut une sainte — jusqu’au plus complet oubli de soi… comment l’as-tu rempli ?…

Geneviève

Et toi, qui as déserté la maison… toi, dont la vie renégate est le grand chagrin de notre père ?… Il te sied, vraiment, de parler de devoir !

Robert, ferme.

Je tâche de l’accomplir, selon mes forces, ailleurs qu’ici, où je ne puis rien… Mais toi, c’est ici que tu devais l’accomplir…

Geneviève

Je fais ce que je peux… je suis bonne pour tout le monde… je donne à tout le monde… Et tout le monde me déteste…

Robert

Ce n’est pas seulement de l’argent qu’il faut savoir donner, ma pauvre Geneviève… C’est de la conscience… c’est de l’espérance… c’est de l’amour…

Geneviève

Dis tout de suite que je suis une méchante fille…