Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/189

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devais agir… Croyez-vous donc que cette démarche que j’ai faite avait un caractère d’hostilité contre vous ?

Hargand

Hostilité ou médiation, elle m’est un outrage ! T’avais-je prié d’intervenir ?… En vertu de quoi, t’es-tu arrogé cet étrange mandat ?… Et comment n’as-tu pas senti qu’une démarche de toi, dans un tel moment, et quelle qu’elle fût, ne pouvait être qu’une diminution de mon autorité… et que c’était une arme de plus, peut-être, que tu mettais dans la main de mes ennemis ?… Si tu l’as senti, comment as-tu osé cela ?…

Robert

Comment aurais-je pu diminuer votre autorité… et armer leur révolte ?… Puisque c’est en mon nom seul que j’ai parlé ?

Hargand

En ton nom ?… Et de quel droit ?… Tu n’es rien ici… rien… rien !

Robert

Je suis un homme !

Hargand, impérieux.

Tu es mon fils !

Robert

Ai-je donc, en naissant de vous, renoncé à penser selon mes idées… aimer selon mon amour, vivre selon mon destin ?… J’accomplis mon destin !…

Hargand, s’emportant.

Et ton destin, n’est-ce pas, c’est de te révolter contre