Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/203

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les ouvriers que vous avez chassés depuis la grève… Je vous fais grâce de ma personne… L’accord signé, je partirai…

Il dépose son papier sur le bureau d’Hargand.
Hargand, après un silence, sans bouger, d’une voix coupante.

C’est tout ?…

Jean Roule

C’est tout !…

Hargand, à Louis Thieux.

Eh bien… qu’est-ce que tu penses de cela, Thieux ?… Il te faut des bibliothèques, maintenant ?… Allons !… Regarde-moi !

Louis Thieux, sans lever les yeux du tapis.

Monsieur Hargand !… Monsieur Hargand !…

Hargand

Regarde-moi… te dis-je !…

Jean Roule

N’insultez pas ce pauvre homme !… Et regardez vous-même ce que vingt-sept ans de vie chez vous… de travail chez vous… ont fait de lui !…

Hargand

Ah ! mon pauvre Thieux !… Si tu n’étais pas sous la domination de cet homme… si tu étais libre des mouvements de ton cœur… je te connais… tu serais déjà à mes pieds, me demandant de te pardonner !…

Louis Thieux, comme prêt à aller vers Hargand.

Monsieur Hargand !… Monsieur Hargand !…