Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/263

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quel rêve !… Ah !… la campagne… le seuil des portes, le soir… les margelles des puits… les bonnes odeurs de foin… Être marguillier… conseiller municipal… (Avec admiration.) répartitaire…

Le Voleur, il sort des tiroirs des paquets de titres qu’il entasse, près de lui, sur la table.

De la rente russe… très bien… De la rente hongroise… De la rente espagnole… Des chemins de fer italiens… Des tramways de Berlin… Ça ne m’étonne plus qu’il soit si nationaliste… Ah ! des liasses de billets de banque… français, ceux-là… Vive la France !… (Il les entasse sur la table.) Nous compterons plus tard…

Le Valet, dans un des tiroirs, il a trouvé des lettres.

Monsieur… des lettres !… (Il les flaire.) Des lettres de femmes… Chouette !

Le Voleur

Tâche donc de te débarrasser de ces expressions vulgaires… et laisse ces lettres…

Le Valet

Mais, Monsieur… ça pourrait être une mine…

Le Voleur

Laisse ces lettres… Tu sais qu’il n’y a rien que je déteste autant que le chantage… C’est malpropre et lâche. Soyons corrects et restons gentlemen… Tiens, prends ceci… (Le valet prend titres et billets.) Dans la valise… La monnaie pour toi…

(Il donne au valet quelques pièces d’or et d’argent, trouvées dans un tiroir.)
Le Valet

Merci, Monsieur… Ah ! c’est sûr que Monsieur est un vrai gentleman…