Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/264

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Le Voleur, prenant sur la table une statuette.

Elle est très jolie… (Il la considère en connaisseur.) elle est admirable… Je la crois de Pajou… Dans la valise… et délicatement, hein ?… Ces tabatières… voyons ?… (Il les examine, une à une.) Ravissantes… Quelle délicieuse époque !… Dans la valise !… Non… pas celle-ci… elle est moderne… (Il se lève.) Eh bien, mais… tout cela n’est pas mal… On ne m’avait pas trompé… (Il marche dans la pièce, inspectant les bibelots devant la cheminée.) Eh mais… voilà une pendule… une merveilleuse pendule… Sacristi… De tout premier ordre… Elle vaut celle de Monsieur de Camondo… Oh ! ces petites figures… quels chefs-d’œuvre !… Et ce perlé !… Moi aussi, je pourrais fort bien la léguer au Louvre… Dans la valise !… C’est pour la France… (Le valet transporte la pendule… Continuant de marcher dans la pièce.) Il a du goût… il n’y a pas à dire… Comme c’est charmant et rare… un homme qui a du goût !…

Le Valet

Dépêchons-nous, Monsieur… voilà qu’il est bientôt six heures…

Le Voleur

Oui… oui… (Il veut tirer un tiroir du bureau-vitrine… Ce tiroir résiste… il tire plus fort… le vase, qui est dessus, chancelle et tombe, et se brise sur le tapis avec un grand bruit.) Patatras !…

Le Valet, effaré

Nom de Dieu !…

Le Voleur

Imbécile que je suis !…

(Il écoute…)