Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/21

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Biron, énergique.

Ah ! Il me faut au moins mes souvenirs… (De très près.) Voilà six mois, songez-y… si vous ne me laissez même pas mes souvenirs…

Il s’assied.
Thérèse, très gentille, presque câline.

Voyons !… voyons !… Bien que vous soyez, mon cher Biron, un être souvent grossier, égoïste, assez brutal, très mal élevé… (Biron proteste.) Si, si, vous le savez bien… vous avez des qualités.

Biron, en même temps.

Tout de même !

Thérèse, poursuivant.

Que j’ai aimées beaucoup… Je les aime toujours… Je vous aime toujours… mais autrement… (Biron veut parler.) Laissez… Ce n’est ni de votre faute, ni de la mienne. (Biron veut encore parler, elle lui ferme la bouche.) Plus un mot, je vous en prie… Cela m’est pénible… Et vous ne changeriez rien à ce qui est.

Elle se lève.
Biron, éclatant.

Eh bien, moi, je ne peux pas m’y faire… Je ne peux pas m’y faire… d’abord parce que je ne peux pas m’y faire… c’est très simple… Jamais !… jamais je ne vous ai tant désirée… C’est fou !… Je ne pense qu’à vous !… Je n’en peux plus !

Thérèse, qui a regardé une fois ou deux du côté du billard dont Biron s’est rapproché.

Ne criez pas comme ça !

Elle va s’asseoir sur le divan.