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Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/285

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L’Amante

Mettons qu’il ne s’est rien passé… À quoi on vous parler de ça ?… Vous ne voyez rien… vous ne sentez rien… J’aurais dû vous cacher les blessures de mon âme… Que vous importe mon âme ?

L’Amant

Voyons… voyons… voyons… Ne nous embrouillons pas… Il ne s’agissait pas de votre âme… cet après-midi… il s’agissait de…

L’Amante

Voulez-vous bien vous taire…

L’Amant

En vérité, ma chère amie, je ne comprends rien à tout ce que vous dites… Vous êtes étrange, ce soir…

L’Amante

Étrange… c’est cela… Je suis étrange… Ah ! il ne vous manque plus maintenant que de m’insulter…

L’Amant

Allons, bon… Je ne vous insulte pas… Je dis que vous êtes étrange… ce soir…

L’Amante

Et vous… qu’êtes-vous donc ?… Que vous importe de heurter, toutes les minutes, mes sentiments les plus intimes… mes délicatesses ?…

L’Amant

J’ai heurté vos…

L’Amante

Vous m’aimez ?… Ah ! le beau trait de courage… On