Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/286

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dirait vraiment qu’il faut de l’héroïsme pour aimer une femme jeune, riche, belle, recherchée…

L’Amant

Il ne s’agit pas de ça…

L’Amante

Et vous vous croyez quitte envers elle, qui vous a tout sacrifié… quand vous lui avez dit… entre deux bouffées de cigare… que vous l’aimiez !

L’Amant

Permettez ! ça n’a pas de rapport.

L’Amante

Vous m’aimez ?… Mais vous êtes-vous jamais préoccupé de mon bonheur ?

L’Amant

Certainement…

L’Amante

M’avez-vous… ne fût-ce qu’une seconde… donné votre vie tout entière… à moi qui vous ai tout donné… plus que ma vie… ma réputation… mon repos… mon honneur… (Sur un mouvement de l’amant.)… Oui, mon honneur.

L’Amant

Mais… chère amie…

L’Amante, lui coupant la parole.

Avez-vous seulement pris soin de m’éviter en galant homme… en homme qui sait ce que c’est que la pudeur d’une femme… et le respect d’un foyer… les froissements inséparables d’une situation telle que la mienne ?… Non, jamais… J’ai flatté votre vanité…