Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Amante

Ah ! qu’est-ce que cela vous fait ?… Qu’est-ce que cela peut bien vous faire ?…

L’Amant

Eh bien… oui… j’ai eu des torts envers toi… ma sublime amie… Je ne les connais pas… mais j’en ai sûrement… de graves torts… d’immenses torts… Oui, je l’avoue… Mais c’est fini… Je m’en repens, va ! Je t’en demande pardon…

L’Amante, d’une voir voilée par les larmes.

Il vaut mieux que je meure.

L’Amant

Ne parle pas ainsi… Je te le défends. Mourir ?… Tu n’en as pas le droit…

L’Amante

Si, si. Il vaut mieux que je meure. Oh ! maintenant… mon bonheur est brisé… à jamais… vois-tu ?… Je ne suis rien pour toi… Un amour-propre… une vanité… un plaisir, peut-être !… Mais je ne suis rien pour toi… Mon âme n’est rien pour toi…

L’Amant

Ton âme ?…

L’Amante

Oui, mon âme… méchant… ma pauvre âme… Qu’est-elle pour toi ?…

L’Amant

Ah ! ton âme… Ne blasphème pas… Ton âme est tout pour moi…

L’Amante, d’une voix faible et douce.

Rien… rien… plus rien…