Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/289

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L’Amante

Parbleu !… c’est clair… j’étais une fille pour vous… une de ces misérables créatures, dont vous ne preniez pas toujours la peine de m’éviter le contact blessant… Je comprends… maintenant… ah !… je comprends… Que c’est mal… que c’est lâche !… (Elle se cache la figure dans le mains et sanglote.) Quelle honte !…

L’Amant, éperdu.

Ah ! vous pleurez encore… Mon Dieu ! Mon Dieu !… Je ne sais plus que vous dire… que vous répondre…

L’Amante

Ne répondez rien, allez, ce sera plus digne…

L’Amant, éperdu.

Je suis bouleversé… abasourdi… Vous dénaturez à plaisir toutes mes paroles… tous mes actes.

L’Amante

Ai-je mérité d’être traitée ainsi par vous ?… Par vous… C’est cruel…

L’Amant

Écoute-moi… (Il la prend dans ses bras et doucement la mène près du banc où il la fait asseoir.) Écoute-moi… ah ! je t’en prie…

(Il risque des caresses.)
L’Amante

Non… non… je ne veux pas… plus jamais… Vous ne le méritez plus… c’est odieux…

L’Amant

Ne pleure pas… Cela me torture de t’entendre pleurer…