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Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/47

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Courtin

Excusez-moi, mon cher confrère, de vous avoir fait attendre…

Belair

Ce n’est pas à vous à vous excuser, mon cher maître, mais à moi qui viens accaparer un temps précieux, et que le malheur réclame… (S’asseyant.) Dans ce beau salon, assis entre deux bonnes sœurs et un vieillard, au milieu des enfants, des nourrices, de pauvres femmes, je ne pouvais m’empêcher de songer à quelqu’un dont vous avez écrit la vie, dans votre admirable livre : La Charité ordonnée… Je songeais à saint Vincent de Paul…

Courtin

Monsieur…

Belair

Et je rougissais de l’objet de ma visite, qui va déranger de si nobles occupations…

Courtin

Mais, monsieur… je me dois à tout le monde.

Belair

Je n’oublie pas, mon cher maître, que je suis devant l’homme dont on a pu dire qu’il administrait la compassion de ses contemporains…

Courtin, souriant.

Oui… Oui… Une phrase d’Anatole France, mais du temps où il commençait déjà à se moquer de nous…

Belair

Anatole France !… Oh !… Je n’en crois rien.