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Page:Mirbeau - Tous patriotes, paru dans l’Écho de Paris, 30 juin 1891.djvu/10

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Premier patriote

C’est comme je vous le dis !… Je crois aussi, toujours d’après le Moniteur de l’armée, qu’il avait volé de la poudre sans fumée, pour l’envoyer à Guillaume, et des cartouches Lebel, et les plans des fortifications de Bougival…

Deuxième patriote

Et on ne lui a pas écrasé le crâne, à coups de talon de bottes !

Premier patriote

Non… Je crois même qu’on lui a donné une place de bibliothécaire.

Deuxième patriote

Tenez… ne parlons plus de ça… Ça me rend fou !… Je serais capable de faire un malheur…(Il s’agite, menace, jure, et se calme peu à peu)… Quelle heure est-il ! Dix heures !… Mazette ! Et les petites qui nous attendent au coin de la rue des Martyrs !… (Ils se lèvent, prennent leurs chapeaux, se dirigent vers la porte…) Tout ça n’est pas propre… Mais enfin, il faut se dire que la France sera toujours la France.

Premier patriote

Vous avez raison… Voilà ce qu’il faut se dire !… Un pays qui a Jeanne-d’Arc et Déroulède !… est fort tout de même, c’est un rude pays…


OCTAVE MIRBEAU.