Page:Mirbeau - Trop tard !, paru dans L’Aurore, 02 août 1898.djvu/13

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souillent du crotin de leurs chevaux, puis crèvent et détruisent, à coups de briques et à coups de sabre la grande fresque de Léonard de Vinci : la Cène.

On frappe les Andrade, les Grimaux, les Stapfer parce que leurs protestations sont isolées et qu’on espère ainsi, par la terreur, arrêter l’élan des autres. Mais que, de toutes parts, les consciences libres, les âmes généreuses se lèvent et qu’elles parlent, hardiment… et ni les Brisson, ni les Bourgeois, ni les Cavaignac n’oseront passer outre à ces grandes voix enfin écoutées… Et vous verrez le cheval noir de la guerre civile broncher, comme un vieux cheval de fiacre, au seuil du temple, où vous aurez rallumé la lampe sacrée…