Page:Mirbeau - Une face de Méline paru dans Le Journal du peuple, 1er mars 1899.djvu/8

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Parlons sans ironie… Le crime de M. Méline — car, parmi les criminels de ce temps, M. Méline est peut-être le criminel le plus complet, le plus odieux — est non seulement de nous rendre plus difficiles, plus pénibles les conditions déjà si dures de la vie matérielle alors que tout l’effort humain, avidement, impatiemment, tend vers la conquête du bien-être ; il est surtout en ceci qu’il ruine la vie intellectuelle de notre race. En France, nous manquons de ténacité ; mais nous avons de brillantes qualités d’imagination, de multiples ressources inventives. Pour se développer, pour utiliser ses énergies latentes et son pouvoir de création, l’homme a besoin d’une absolue liberté. Il ne vit, ne s’affirme que par l’initiative individuelle, par le génie particulier, et non par la contrainte collective, les règlements administratifs, et la discipline gouvernementale. Le protéger, c’est le condamner fatalement à la routine, à la stérilité, à la paresse, à la mort !