Page:Mirecourt - Béranger.djvu/32

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les six étages ; on vidait bouteille sur bouteille…

Et le traiteur faisait crédit !

Mais tous les traiteurs du monde se lassent quand on les paye avec des chansons, et il n’y a plus de philosophie possible en présence de la faim. Le spectre pâle et dé-

    demandé que de tenir de moi ce qu’elle était obligée d’acheter d’un autre. Mais comment faire ? J’étais si pauvre : la plus petite partie de plaisir me forçait à vivre de panade, que je faisais moi-même, tout en entassant rime sur rime, et plein de l’espoir d’une gloire future. Rien qu’en vous parlant de cette riante époque de ma vie, où, sans appui, sans pain assuré, sans instruction, je me rêvais un avenir, tout en ne négligeant pas les plaisirs du présent, mes yeux se mouillent de larmes involontaires. Oh ! que la jeunesse est une belle chose, puisqu’elle peut répandre du charme jusque sur la vieillesse, cet âge si déshérité et si pauvre ! Employez bien ce qui vous en reste, ma chère amie. Aimez et laissez-vous aimer. J’ai bien connu ce bonheur, c’est le plus grand de la vie. »