Page:Mirecourt - Frédérick Lemaître.djvu/55

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plus grands effets d’excessive sensibilité, de lyrisme et d’audace[1].

Un soir, il fit attendre le public pendant quarante-cinq minutes.

  1. Pendant les entr’actes, Frédérick, lorsqu’il ne descendait pas au café du théâtre, se faisait apporter dans sa loge sept ou huit bouteilles de bordeaux, qui, la pièce jouée, se trouvaient absolument vides. Dans sa voiture, — car il était alors assez riche pour se permettre équipage, — il avait fait établir des compartiments, où l’on plaçait des fioles de tout genre. Nous l’avons aperçu nous-même, courant le boulevard en calèche, et tenant une bouteille aux lèvres, en guise de cigare. Du reste, Frédérick n’a jamais eu le vin triste. À l’époque de ses premiers débuts à l’Odéon (il n’avait pas alors de calèche), passant, un soir, sur le Pont-Neuf, après un dîner copieux, il s’arrête devant la boutique d’un marchand de beignets. — Combien cela ? fit-il, enlevant au bout de son parapluie crotté une crêpe en étalage. — Deux sous, répond le friturier, interloqué de ce procédé excentrique. — C’est trop cher ! répond l’acteur. Il laisse retomber la crêpe dans son assiette, et continue son chemin, magnifique de calme et de dignité.