Page:Mirecourt - Le baron Taylor.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LETTRE DE DON J. MANUEL FONT,
Moine espagnol, qui, après avoir passé vingt-deux ans dans les missions en Californie et au Mexique était retourné dans son couvent de Barcelone.
Ripol, Ribas, le 18 septembre 1834.
Monsieur le baron Taylor, à Paris.
Mon très appréciable ami,

L’appréciée lettre, en date du 12 août passé, que vous m’avez fait la grâce de m’écrire de Perpignan, est en mon pouvoir, et, au milieu de l’affliction où se trouvait mon âme, elle a été pour moi une incomparable consolation.

Quand vous daignâtes honorer ma pauvre cellule et quand vous me mîtes à même de vous connaître particulièrement, je vous montrai toute l’affection que vos richesses d’esprit et vos belles qualités devaient inspirer ; quand vous me fîtes cadeau, par l’entremise de l’aimable M. Frédéric Madrazo, d’un portrait du célèbre Chateaubriand, je fis connaître la gratitude que votre générosité et mon devoir m’imposaient ; mais ce que vous venez de m’envoyer m’a créé une nouvelle obligation que je ne saurais jamais remplir d’une manière qui satisfasse mes efforts et corresponde aux incontestables droits qu’elle vous donne sur moi. On sent dans l’ouvrage que vous m’avez donné le caractère d’un digne fils de la France ancienne et moderne ; la philosophie y acquiert une splendeur nouvelle, et la religion tout son éclat. Ces considérations me transportent, mon appréciable ami, beaucoup plus loin que mon cœur ne peut atteindre.