Page:Mirecourt - Pierre Dupont.djvu/57

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Ses crocs sont prêts, son poil de chèvre
Se dresse dru comme des clous
Dès qu’il sent la trace d’un lièvre,
Dès qu’il sent la trace des loups.

Depuis dix ans à mon service,
Finaud est bon, il est très-bon ;
Je ne lui connais pas de vice :
Il ne prend ni lard ni jambon ;
Il ne touche pas au fromage,
Non plus qu’au lait des mes brebis ;
Il ne dépense à mon ménage
Que de l’eau claire et du pain bis.

Un jour, près d’une fondrière,
Jeanne, en conduisant son troupeau,
Dégringola dans la rivière ;
Finaud la repêcha dans l’eau,
Et moi j’aurais la récompense :
Jeanne me prend pour épouseur.
C’est tout de même vrai, j’y pense,
Que les chiens n’ont pas de bonheur !

Ce dernier trait vaut à lui seul tout un poëme.

Jamais, avant Pierre Dupont, personne n’a mieux su rendre la naïveté du villa-