Page:Mirecourt - Thiers, 1854.djvu/77

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cette folle journée, c’est M. Thiers, Chérubin à barbe grise, petit page d’un demi-siècle[1] et qui n’en est pas moins folâtre.

« On dîne d’abord, mais ce que Brillat-Savarin appelle bien dîner, c’est-à-dire qu’on dîne trop.

« À la fin du banquet tous les convives sont ivres, mais ivres d’une ivresse brutale, en un mot soûls comme des cochers. C’est une orgie d’antichambre. Au lieu d’effleurer le scandale, on va droit à l’ordure. De lubriques défis provoquent des réponses plus lubriques encore. On voit la vieillesse se parer publiquement de la verdeur de ses vices et l’on assiste à des scènes dignes de l’Arétin.

« Les invités de Grandvaux ont disposé sous la table une petite machine infernale, les satanés farceurs qu’ils sont ! La détonation se fait entendre. M. Thiers ne bouge pas, il est averti. Mais ce pauvre M. Duchâtel ! On vit bien alors que le dieu du commerce n’est pas

  1. La Quotidienne fait erreur, M. Thiers n’avait que trente-neuf ans.