Page:Mirecourt - Victor Hugo.djvu/57

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Quand ses petits enfants, les mains de froid rougies,
Ramassent sous vos pieds les miettes des orgies,
La face du Seigneur se détourne de vous.

Donnez ! afin que Dieu, qui dote les familles,
Donne à vos fils la force et la grâce à vos filles ;
Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit,
Afin qu’un blé plus mûr fasse plier vos granges,
Afin d’être meilleurs, afin de voir les anges
     Passer dans vos rêves la nuit.


Plus loin, comme le Christ, Victor Hugo relève la femme coupable et dit aux pharisiens de nos jours :

Oh ! n’insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe,
Qui sait combien de jours sa faim a combattu ?
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n’a pas vu de ces femmes brisées
S’y cramponner longtemps de leurs mains épuisées,
Comme au bout d’une branche on voit étinceler
Une goutte de pluie où le ciel vient briller,
Qu’on secoue avec l’arbre, et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber, et fange après sa chute !