VI
De quoi donc, Daniel se plaignait-il ?
Piqûres d’épingles comparées à la peine capitale, il a passé, dit Germaine ravie de cette image, « de la classe enfantine à la classe supérieure » et elle ajoute « ceci n’est rien encore ».
Depuis cette première nuit, ils se voient peu. Germaine a plus que jamais d’occupations mondaines. Dès le matin, elle court les essayages, l’après-midi, les thés, le soir, les théâtres.
— « Je ne peux pas t’emmener, dit-elle à Daniel, tout le monde saurait que tu es mon amant. »
Il reste à l’attendre. Toute sa vie s’est changée en attente. Jamais il n’est heureux car, après l’attente, il y a la déception pire encore.
Que ce petit salon lui paraît donc un lieu d’angoisse ; ô tristesse des fleurs penchées au long col des vases, photos de Germaine conquérante et de Jérôme romantique. Livres, livres mornes qu’il déplace d’une main lasse et ne lit pas. À sept heures, Thérèse entre et dit :
— « Madame vient de téléphoner qu’elle ne rentrera que pour s’habiller ; que monsieur ne l’attende pas, elle n’aura qu’un instant. »
Daniel dit :
— « C’est bien, Thérèse. »
Et il part. Qui donc pourrait savoir sa désolation. Il n’a vécu toute cette journée que pour entrevoir Germaine, la serrer une seconde contre