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Jamais je ne l’ai vu si jaloux. Ah ! entre vous deux, je suis bien, mais un jour, Daniel, j’ai appris que tu faisais la noce, que toi, mon amour, tu faisais la noce avec des femmes, au lieu de m’attendre. Alors, j’ai retenu Jérôme exprès, je suis redevenue très gentille avec lui, et nous avons été presque heureux. C’était bien ta faute, sans cela il serait parti huit jours plus tôt. »

—  « Ah ! Germaine, que tu es méchante. Tu n’as donc pas compris ; cette noce, que tu me reproches, c’était un suicide ; je croyais que tu ne voulais plus de moi. Comment vivre alors. »

—  « Mais je t’aime, Daniel. Crois-tu que si je ne t’aimais pas, je supporterais cette vie double, avec toi et Jérôme. C’est odieux pour moi, mais que faire. Puis-je te choisir. Jérôme ne le supportera pas. Il faut patienter encore, je t’ai donné deux mois de ma vie, chéri, pense donc, deux mois. Maintenant, il faut que j’aille avec lui, là-bas. Après cela, crois-moi, je le ferai partir quelque part, n’importe où, mais loin, pour que nous soyons libres et je viendrai avec toi, toi seul, mon bien-aimé. Tiens, me voici encore à toi, pour la fin de cette nuit, prends-moi, mon amour. »

Daniel, de nouveau confiant, de nouveau trompé, sur l’ancienne piste de son illusion, se réveille aux paroles de l’enchanteresse, fou de sentir ce corps tiède et doré qu’il croyait perdu, ce corps parfumé qui se pâme et ploie dans ses bras, au grand jour de la chambre dévastée par le départ, comme s’ils devaient en mourir.

IX

Germaine est partie.

Daniel l’a conduite à la gare dans le crépus-