Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main gantée de blanc, mais derrière lui, bien d’autres croient le reconnaître, une seule est fidèle sans doute et chacun croit que c’est sa maîtresse.

Là-bas, dans le wagon étroit, sur la voie qui tourne, Germaine, sans plus penser à son amant, feuillette les revues et les journaux du soir.

Elle songe à Venise, à Jérôme.

Un enfant, seul au bout du couloir, s’amuse avec un grand mouchoir blanc à dire au revoir à Paris.

Ce retour, quel retour.

Daniel regagna sa maison comme un somnambule. En entrant, il voit le couvert prêt, sa mère.

Il s’abat sur la table en sanglotant. Les oiseaux chantent près de la fenêtre et les feuilles du jardin embaument.

— « Mon Daniel, dit la mère, sois courageux, je suis là. »

Et pour la première fois, depuis sa liaison, il se laisse consoler, redevenu soudain le petit enfant qui n’a au monde que cette mère fidèle, dont le cœur, fait d’amour et de peine, ne trompe pas.

Le crépuscule les surprend ensemble, n’ayant pas dîné et pleurant près de la nappe blanche. Daniel répète sans arrêt :

— « J’ai perdu mon amour, j’ai perdu mon amour. »

Quand la nuit est tout à fait venue, brisé d’émotion, il s’endort sur l’épaule de sa mère. Alors celle-ci, n’osant bouger, voit s’allumer les étoiles, une à une.