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REVUE DU MONDE MUSULMAN

dous. » Elle ne consacrait pas seulement leur entrée dans la vie politique de l’Inde par un acte solennel. C’était aussi la reconnaissance officielle de leurs droits de communauté, de nation — d’État dans l’État.

*

Au lendemain de sa réception par le Vice-Roi, la Délégation se réunissait en Congrès provisoire, à Simla même. Consacrant les programmes développés dans toutes les réunions qui avaient précédé celle de Luknow, elle décidait la création d’Assemblées provinciales, représentées par un organe central — le Congrès des délégués provinciaux. Enfin, elle ajournait les sanctions définitives à la réunion de la Mohammedan Educational Conference du Bengale, convoquée à Dacca en décembre, c’est-à-dire au moment même où le Congrès National des Hindous allait de son côté tenir ses assises annuelles à Calcutta[1].

Pour apprécier à sa juste valeur l’importance de ces mesures, préparées avec une méthode qui peut donner l’impression d’un mouvement durable, il faut se souvenir du débat qui s’était élevé naguère, à l’époque de la fondation du Congrès National, entre les partisans et les adversaires de Syed Ahmed Khan.

L’illustre fondateur du Collège d’Aligarh avait vécu quelque temps en Angleterre, à Eton et à Harrow. Il avait fait élever un de ses fils à Cambridge. Il connaissait et aimait la civilisation anglaise. Voyant ses coreligionnaires arriérés, dépassés par les Hindous, jadis sujets des Musulmans, il développa, avec les avis des premiers directeurs d’Aligarh, M. Siddon et surtout M. Th. Beck, une doctrine de relèvement, à la fois religieuse, politique et sociale. Elle affirmait la possibilité d’un accord entre la foi musulmane

  1. Cf. Times, Standard, Daily News, etc.