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AGA KHAN

voici maintenant Chiites et Sunnites suivant à Simla l’Imâm des Khodjas et des Mawalis, écrivain anglais, libéral et sportsman.

L’Aga Khan conservera-t-il l’influence prépondérante dont la présidence de la Délégation de Simla semble le gage ? — S’en tiendra-t-il à une intervention réservée dans les préliminaires du Congrès de Dacca ? Ira-t-il jusqu’au bout de la route qui, dans un roman imaginaire, s’ouvrirait devant lui à travers l’Inde et hors de l’Inde ? N’est-il déjà plus, au contraire, que le représentant nominal d’une grande lignée religieuse, membre distingué de cette aristocratie anglohindoue qui se forme aux Indes, à l’imitation de celle d’Angleterre ? Le problème serait moins captivant si la solution en paraissait évidente. Il est sans doute de ceux qui méritent qu’on s’y arrête, puisque, parlant des Khodjas et des Maulais, M. E. Browne, après nous avoir dit qu’ils ont encore « une certaine influence, une certaine importance », ajoute : « Il faut un grand effort d’imagination pour pouvoir associer l’Aga Khan, génial et raffiné, aux redoutables grands maîtres d’Alamoût[1]. »

Sans même aller jusqu’à l’avenir, que sera demain ? que deviendra l’échéance du mois de décembre ? Le Babou Surendra Nath Bannerjee, Directeur de journal et Empereur, entrera au Congrès National au chant du Bande Mataram. Il y acclamera « l’Inde aux Hindous ». En même temps, l’héritier des Khalifes Fatimites célébrera la grandeur de la Science occidentale, au nom de l’Islam, dans l’All India Educational Conference ouverte par la Fatîha orthodoxe. En vérité, il n’est guère de spectacle d’actualité comparable, comme intérêt énigmatique, à celui que nous offre en ce moment le réveil du Monde Asiatique.

A. Le Chatelier.
  1. E.-G. Browne, A Literary history of Persia, 1906, p. 460.