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REVUE DU MONDE MUSULMAN

aucune part. Elle a vraiment l’air de la tenir comme appartenant au domaine des réalités.

On calcule déjà les conséquences de la conversion. Tandis que le bonze Kawaï, dans le Chukiokai (Revue du monde religieux), émettait l’opinion qu’une religion n’a de vie et d’influence qu’autant qu’elle s’assimile à la race, et que le bouddhisme n’a su s’implanter au Japon qu’en s’adaptant au génie japonais[1], la presse musulmane de tous les pays envisageait avec confiance l’œuvre de propagande religieuse qui allait commencer et dont elle serait le meilleur auxiliaire. Un important journal arabe[2], qui, lui aussi, croit à une conversion des Japonais, va nous révéler la pensée des enfants de l’Islam sur ce point. « L’Angleterre, dit-il, avec ses soixante millions de musulmans hindous, redoute fort cette conversion. La Russie vaincue se rapproche de l’Angleterre, et la France est l’alliée des deux. La guerre de Crimée est loin, et maintenant la Turquie trouve contre elle ces trois grandes puissances. Avec un Japon musulman, la politique musulmane changerait du tout au tout. »

Le rédacteur du journal égyptien voit même déjà, dans un bel élan d’imagination, le Mikado devenu le véritable khalife, supplantant le chef actuel des croyants, et la capitale de l’Islam transférée à Tokio. Ces craintes sont, à la vérité, exceptionnelles. La foule des croyants se réjouit simplement de l’entrée future des Japonais dans sa religion. Elle n’y trouve que des avantages. Il faut donc bien vite travaillera la Qoranisation du Japon et y envoyer des missionnaires.

A Delhi, le cheikh Rahîm ud-Dîn, auteur d’une brochure de propagande musulmane rédigée en anglais, et qui sera distribuée au Japon par « centaines de milliers d’exemplaires », expose, dans une assemblée de docteurs, l’importance qu’aurait la conversion des Japonais et sollicite, pour

  1. L’Écho de Chine, 23 juin 1906.
  2. Mouayyad, 30 juin 1906.