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Page:Mission scientifique du Maroc - Revue du monde musulman, tome I, 1907.djvu/132

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REVUE DU MONDE MUSULMAN

suite à Kobé et se rendit à la capitale. Là, il visita les directeurs de journaux, leur exposa le but de son voyage, et fut également reçu par le ministre de l’Intérieur, avec lequel il s’entretint quatre heures durant. Il s’aperçut que malheureusement les Japonais ne connaissaient guère l’Islam que par l’intermédiaire des Européens ; mais il trouva tout le monde plein de bonne volonté et quitta le ministre avec l’assurance qu’en dépit des missionnaires chrétiens, les musulmans pourraient construire sur le sol des Japonais de nombreuses mosquées.

Les musulmans hindous furent ainsi les premiers à tenter de Qoraniser le Japon, mais leur zèle eut des imitateurs. Ainsi, en Égypte, le cheikh ’Alî Ahmed El Girgâwî, directeur d’un petit journal égyptien, partit pour le Japon en compagnie de deux autres missionnaires, l’un Égyptien, l’autre Hindou. Plus zélé que riche, El Girgâwî sollicita, par l’intermédiaire de la Presse, ses riches coreligionnaires, ne leur demandant que la somme nécessaire au voyage. Au besoin, il aurait accepté de servir de domestique à un Égyptien partant pour le Japon[1].

Deux missionnaires persans partent de leur côté pour le Japon : Fakhr ol-Islâm et Hodjdjet ol-Islâm. Le premier, véritable savant, serait un ancien prêtre chrétien(?) connaissant l’hébreu, le syriaque et le chaldéen. Tous les deux sont partis de Téhéran, et les musulmans d’une ville russe, Guendjè, ont tenu à honneur de contribuer aux frais du voyage de Fakhr ol-Islâm. Quant à Hodjdjet ol-Islàm, il ira d’abord en Chine conférer avec les docteurs de ce pays.

Les efforts tentés pour convertir le Japon font beaucoup de bruit et donnent lieu à quelques quêtes. Ne répondent-ils qu’au désir des journaux musulmans de fournir à leurs lecteurs une copie sensationnelle ? Répondent-ils, au contraire, à un état de choses concret ?

  1. Mouayyad. 28 juin 1906.