À UN MAÎTRE D’ÉCOLE
DE MÉDINET EL-FAYOUM
Voici près de vingt et un ans qu’un matin, rencontrant deux Français à Médinet el-Fayoum, un jeune Égyptien les abordait en leur disant : « J’ai fondé ici une école où j’enseigne le français aux enfants. Voulez-vous me faire le plaisir de venir la visiter ? »
Je n’ai jamais oublié l’heure passée ainsi dans votre école, où vous n’aviez pas seulement à ce moment pour élèves les quarante enfants qui vous étaient confiés, mais encore vos deux visiteurs. Vous leur avez donné une belle leçon de ténacité intelligente et de dévouement aux idées de progrès. C’est en vous écoutant que j’ai eu pour la première fois le sentiment de l’avenir réservé à l’Islam.
Pendant dix années, je venais de le voir, en Algérie, défiguré par la conquête, quoique imprégné du charme des vastes espaces où erre la vie nomade. Et voici qu’au nom de ce même Islam des tribus sahariennes, vous nous parliez de la grande Révolution libératrice, qui vous avait donné le culte de la France. Votre souvenir vient donc naturellement ici, en tête d’une revue consacrée à l’étude de ce monde musulman, que transforment si vite les nobles initiatives dont la vôtre était un généreux exemple.
