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REVUE DU MONDE MUSULMAN

Quel meilleur confident pourraient avoir les sympathies, les regrets et les espoirs, auxquels répond la réalisation d’un projet conçu depuis plus de vingt ans. — Sympathies profondes et raisonnées pour cette civilisation si souple et si vivace qui, d’Aligarh à Kazan, de Zanzibar à Kharbin, acclame les mêmes mots d’ordre : la Science, le Savoir, l’Instruction, l’Enseignement, l’Éducation, les Écoles. — Regrets, d’avoir vu mon pays négliger la grande place que son œuvre d’émancipation et d’éducation lui assurait, partout, dans la communauté démocratique et plébéienne de l’Islam. — Espoirs, que les institutions, les gens et les choses du monde musulman nous apparaissant avec plus de réalité et moins de convention, nous n’attendrons pas que les peuples de l’Islam soient passés du rang de « marchés » résignés à celui de « nations » en défense, pour nous rappeler pratiquement qu’ils existent.

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Que la crainte d’incursions de cette Revue dans le domaine aventureux de la politique ne vous écarte pas d’elle, cependant. Elle ne s’y hasardera pas. A quoi bon, au moment même où l’imbroglio marocain démontre si clairement que les conditions contingentes l’emportent sur les conditions positives.

De quelle politique, d’ailleurs, pourrait-on s’occuper ici ? De la politique musulmane ? Mais il n’y a pas plus une politique musulmane qu’une politique chrétienne. Autant de peuples ou de nations, autant de politiques.

En accordant l’attention nécessaire à la structure, d’apparence uniforme, en réalité variable, que l’Islam donne à l’équilibre social de ses peuples, on s’efforcera surtout d’aller, dans la cité même, jusqu’aux éléments composants du groupement social. Sans doute, l’examen des évolutions politiques, collectives ou partielles, trouvera place dans