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REVUE DU MONDE MUSULMAN

Ainsi, laissant de côté toute la partie historique et philosophique du problème, nous nous bornerons à un exposé de la situation actuelle.

I

Pour faire œuvre efficace, pour atteindre l’âme indigène, il faut savoir dépouiller le vieil homme européen, se faire indigène avec les indigènes, leur, parler de ce qui peut les intéresser, c’est-à-dire d’eux-mêmes, partir de leur vie, suivre leur vie, modeler l’enseignement de l’école sur leurs idées, leurs sentiments, leurs besoins, et comme l’a dit avec force M. Waldeck-Rousseau : « les développer dans le plan de leur propre civilisation ».

Cette formule, qui est tout un programme de colonisation, est la devise même de notre école primaire. Offrir à l’indigène une instruction qui ne le détache pas de son milieu, lui donner le goût et les moyens d’améliorer sa condition matérielle et morale dans le sens indiqué par ses besoins et par ses traditions : tel est bien le but que poursuit l’école d’indigènes en Algérie.

L’enseignement y présente les caractéristiques suivantes : Il est très simple, tout à fait élémentaire. Les instituteurs n’aspirent pas à un enseignement de luxe, scientifique et complet ; ils se bornent à l’essentiel, à ce qu’un indigène algérien ne pourrait pas, sans dommage, ignorer. On n’apprend dans nos petites écoles ni « la liste des rois », ni « la nomenclature des préfectures et des sous-préfectures », ni « les règles abstruses des participes passés ». On a jeté par-dessus bord tout ce bagage indigeste de vaines subtilités et d’inutiles curiosités dont une tradition séculaire charge encore en France le programme des écoles primaires.

Il est nécessaire que le profit d’aller à l’école apparaisse rapidement aux yeux des indigènes, et que les connais-