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REVUE DU MONDE MUSULMAN

contingent de cavalerie au gouvernement anglais, et en reçut alors une pension officielle. Puis il s’établit définitivement dans l’Inde, vivant tantôt à Bombay, tantôt à Bangalore[1]. Mais les Ismaéliens du pays restaient toujours divisés. La perception du tribut donna lieu à des querelles, qui s’envenimèrent si bien, qu’à Bombay, vers 1850, quatre Khodjas récalcitrants[2] furent assassinés en plein jour par des Khodjas tributaires de l’Aga Khan[3].

La justice anglaise intervint aussitôt et une longue enquête, poursuivie par Sir Joseph Arnould[4] se termina quelques années après la fin de la grande insurrection de 1877, par la conclusion que l’Aga Khan descendait en droite ligne de Hasan Ala Dhikrihi’S-Salâm. Il était ainsi le propre Imam des Nizariens, des Batiniens Persans, qui constituaient la branche la plus importante de la secte en Orient. Commencé en 1850, le procès ne fut jugé qu’en 1866, à Bombay. — Il reconnaissait, nous dit St. Guyard, la « légitimité des prétentions de l’Aga Khan et condamnait les Khodjas récalcitrants à verser annuellement le tribut qu’ils lui devaient, en vertu de leur coutume ayant force de loi »[5]. C’était lui assurer un revenu qui s’élevait, de suite, à plus de 500.000 francs.

« Aga Khan », ajoute M. St. Guyard, en terminant en 1877 l’article auquel sont empruntés les détails qui précèdent, « a mené depuis une vie opulente et tranquille. Il réside tantôt à Bombay, tantôt à Poona ou à Bangalore. Sa passion dominante est le sport. Il dépense en chevaux : la meilleure partie de ses richesses, et ses fils, les « Princes

  1. Ibid., p. 385.
  2. Browne(A Literary history of Persia, from Firdawsito Sadi. London. Fisher Uniwin., 1906) indique que les Ismaéliens d’Egypte, dont Mousta’li, le frère de Nîzar, était l’Imam, sont encore représentés aux Indes par les « Bahuras », tandis que l’Aga Khan et ses adeptes représentent la branche persane », p. 201, note.
  3. St. Guyard, p. 380.
  4. St. Guyard, p. 385.
  5. St. Guyard, p. 384.