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AGA KHAN

justifier la curiosité que provoquent à leur égard les antécédents de l’histoire, en présence du rôle actuel de l’Aga Khan.

III

Doctrine et rôle social des Khodjas.

Pour se faire une opinion raisonnée sur l’importance réelle des Khodjas, il faudrait connaître exactement les doctrines Ismaéliennes actuelles. Elles ont sans doute considérablement évolué depuis Hassân ben Sabbab et Hassân le Nizari, sans parler du Desavatar.

Un des dictons favoris des Maulais, nous dit M. Biddulph, est que « un homme doit cacher sa foi et ses femmes », aussi est-il difficile de se prononcer sur leurs doctrines et leurs rites. Dans l’Himalaya, quoiqu’ils ne refusent pas de manger et de prier avec les Sunnites, ceux-ci les traitent d’infidèles. On les accuse d’adorer Alî[1], qu’ils placent au-dessus du Prophète, et dont ils font une incarnation de la Divinité. Ils n’admettent pas, en effet, la vie future, mais croient à la transmigration des âmes. Les bonnes et les mauvaises actions se traduisent par les destinées de la réincarnation : en faisant le bien, on devient grand homme ou saint, et le mal conduit à devenir quelque bête de second choix. Ainsi, le Sunnisme aboutit au chien et le Chiisme à l’âne.

Les Maulais discutent le caractère divin du Qoran, confié, disent-ils, à l’ange Gabriel pour être remis à Alî, mais donné par erreur à Mohammed. Ils le remplacent par un livre persan, le Kalam-i-Pir, qui ne doit pas être montré

  1. Trait commun avec sinon les Nosairîs, du moins les Ali Illahys et tous leurs congénères.