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REVUE DU MONDE MUSULMAN

de la Princesse de Galles, et s’inscrire pour 3.500 livres sterling (87.500 francs).

De tous ces détails isolés, de tous ces extraits d’ébauche, il ressort peut-être déjà un commencement d’esquisse. Pour la pousser plus loin, ouvrons simplement le numéro de mars dernier d’East and West, dans lequel, à propos de la récente visite du Prince de Galles, l’Imâm-i-Zemân, « l’Imâm de l’Époque », fait part de ses « impressions et réflexions » aux lecteurs de la Revue fondée par un Parsi :


« J’arrivai dans la capitale de l’Inde vers le milieu de décembre dernier, écrit l’Aga Khan, et constatai qu’un changement surprenant avait assombri la cité splendide, depuis ma précédente visite. Tous mes amis, Musulmans et Hindous, et beaucoup de citoyens respectables, sans rapports avec la politique, mais que je questionnais librement — comme aussi nombre de gens de rue, dont beaucoup Bengalis de race, semblaient avoir le cœur brisé, le cœur saignant, à cause du partage de leur province. Je n’avais jamais vu, et je n’eusse pas pu concevoir un sentiment aussi universel et profond des masses populaires et de toutes les classes d’une cité Hindoue contre une mesure prise par le gouvernement…

« J’étais effrayé que la foule pût se montrer assez insensée… pour confondre des visiteurs royaux avec le gouvernement, et que l’impopularité du gouvernement dans le partage du Bengale pût affecter leur réception. Mais, tandis que, le jour de l’arrivée du Prince de Galles au palais du gouvernement, je me promenais à travers les rues pleines de monde, où des centaines de milliers de personnes étaient entassées, mes inquiétudes prirent fin agréablement… En quittant le palais du gouvernement après leur réception… je vis ce que je n’avais jamais vu avant, ni en Europe, ni aux Indes… Chaque individu regardait et semblait heu-