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REVUE DU MONDE MUSULMAN

comme à l’unisson du vieillard. Quelle leçon en tout cela. Combien les maîtres anglais de l’Inde n’ont-ils pas à apprendre des simples paroles de ce vieux Musulman du peuple ?[…] »

Cette page de l’Aga Khan n’était-elle pas à citer de préférence à une dissertation sur le Bathénisme ou le Zahérisme de l’Ismaélisme contemporain ? Quel Désavatar, quel Kalâm-i-Pîr des initiés supérieurs pourraient valoir cette interview du vieux musulman Hindou, pleurant de joie dans les rues, parce qu’on a eu pour lui, pour toute la foule dont il est la cellule unitaire, non plus le dédain qui tombe sur la vermine, mais le regard qui s’élève vers l’être humain.

V

L’Aga Khan Président de la délégation des Musulmans.

Pour se rendre compte de ce que devient le rôle de l’Aga Khan dans les événements actuels, il faut se reporter tout d’abord à l’étude si claire et intéressante consacrée par M. Julien Vinson au mouvement Swadçî[1].

Dans le N.-E. Bengal, rattaché à l’Assam, avec Dacca comme capitale, il y avait sur les 30 millions d’habitants de la nouvelle province 60 p. 100 de Musulmans et 35 p. 100 d’Hindous[2]. Ceux-ci dominaient à tel point que, pour 4.162 emplois administratifs confiés aux Indigènes, 647[3] seulement, tous de peu d’importance, appartenaient aux Musulmans. Le Lieutenant-Gouverneur, Sir Bamfylde Fuller

  1. Revue du Monde Musulman, no 1, p. 22.
  2. National Review, octobre 1906, p. 360.
  3. Mulk and Millut, 17 juillet 1906, p. 147.