Page:Mission scientifique du Maroc - Revue du monde musulman, tome I, 1907.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
AGA KHAN

s’étant préoccupé de cette situation dans un sens favorable aux musulmans, aussitôt son entrée en fonction, le 17 octobre 1905, les Hindous prirent position contre lui avec une extrême violence[1].

De tous côtés, au contraire, les associations Musulmanes lui envoyaient des adresses de félicitations, pour une circulaire qui ouvrait largement à leurs coreligionnaires l’accès des emplois administratifs. Par exemple, la Vernacular So-

  1. Nous regrettons de ne pouvoir raconter ici en détail l’histoire du Babou Surendra Nath Bannerjee, directeur du journal le Bengali de Calcutta. La spécialité du Bengali était, paraît-il, de se livrer à des attaques « vitriolantes » contre les fonctionnaires anglais et les employés indigènes dévoués à l’administration. Elle en vint à multiplier les meetings populaires, à l’instigation de membres de la Chambre des Communes, dont l’un écrivait, le 2 mars 1906, au directeur du Bengali : « Cher monsieur Bannerjee continuez l’agitation et rendez-la effective. Le plus pratique est de multiplier les meetings populaires… Vous avez la plus juste des causes et j’espère que vous ferez le nécessaire pour que votre voix soit entendue. Tout dépend de vous aux Indes. Souvenez-vous qu’un whig ne fait rien sans y être forcé. »
    Sincèrement, votre
    C. J. O. D.

    P.-S. — Ayez des meetings populaires à la douzaine dans chaque district, en plein air ou non. Morley ne tardera pas à céder.

    C. J. O. D.

    (Cf. Birmingham Post, 10 octobre 1906.)

    Suivant ce conseil, M. Bannerjee se faisait arrêter le 14 avril à Barisal, pour avoir organisé une démonstration populaire dont il avait amené tout le personnel de Calcutta, et qui chantait dans les rues le Bande Mataram interdit. Condamné à 200 roupies d’amende, il devint le martyr, le héros de l’indépendance populaire et, à la suite d’un meeting de 20.000 Hindous qui l’acclamèrent à Calcutta, le 7 août, il prit simplement le parti de se faire couronner Empereur des Indes, au commencement de septembre. Le Bengali du 4 raconte gravement cette excellente réclame de son directeur qui procéda à la cérémonie dans une cour de sa maison de Calcutta. — Une ombrelle richement brodée au-dessus de la tête — une couronne de fleurs sur le front — des chants de Mantras védiques, et surtout du Bande Mataram : l’Inde avait son empereur comme le Sahara de joyeuse mémoire. — Ce fut un soulagement pour l’Angleterre, que les meetings de Sir Bannerjee inquiétaient, malgré les recommandations parlementaires. — Les éclats de rire qui accueillirent la nouvelle étaient justifiés. Il semble bien actuellement que M. Bannerjee ne puisse même pas imposer un président de son choix au prochain Congrès National de décembre. Son étoile a brillé d’un éclat trop vif.