Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 9 —

la Verte Forêt, (Tchyeng-rim-kyo), la religion du Grand Un, etc. : amalgame de croyances superstitieuses, d’enseignements d’une nature dangereuse, tendant surtout à abuser d’un peuple crédule à l’excès. Tel est l’état du paganisme en Corée. Au contact de toutes ces doctrines, l’âme du peuple coréen s’est formée peu à peu à un éclectisme religieux, et cet apport divers de traditions ou morales de sources différentes a constitué dans l’esprit de la population un curieux mélange, je dirai même une sorte d’indifférence, d’insouciance absolue de la vie future, de scepticisme pratique pour tout ce qui est religion, en un mot d’athéisme. Toutefois, si les coréens sont si peu religieux, ils sont en revanche extrêmement superstitieux, voyant partout le diable, croyant aux jours fastes et néfastes, ayant recours à chaque instant aux magiciens, devins et sorcières de toutes sortes.


UN MOT SUR L’HISTOIRE DU PEUPLE CORÉEN. — À l’origine, d’abord des légendes : le fils de l’esprit créateur s’ennuyant dans le ciel, obtient de son père la permission de descendre sur la terre avec trois mille esprits. Il se fait proclamer roi de l’Univers sous un santal, dans la région actuelle de Hpyengyang. Malheureusement il n’a pas encore figure humaine, et il trouve bien des difficultés à gouverner ainsi un royaume terrestre. Bientôt il est satisfait, car il surprend le colloque d’un tigre et d’un ours qui se demandent comment faire pour devenir homme. Une voix céleste leur apprit par hasard que, s’ils voulaient voir ce désir exaucé, ils devaient se retirer bien loin de la lumière du soleil durant trois fois sept jours. Tous deux se soumirent à l’épreuve, mais seul l’ours put tenir jusqu’au bout et fut métamorphosé en femme. Le premier désir de celle-ci fut d’avoir un fils. C’est alors que le roi de l’univers accourut, porté sur le vent, tourna une fois autour d’elle, alors qu’elle était assise au bord d’un ruisseau, puis enfin répandit sur elle son souffle puissant. Bientôt elle mit au monde un fils qu’elle déposa sur la mousse, à l’ombre justement de ce santal, où le fils de l’esprit créateur s’était fait auparavant proclamer roi de l’univers. Quelques années après, les neuf tribus du pays le trouvèrent sous cet arbre et le