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contre eux : ils étaient unanimes à voir dans ces imputations une calomnie odieuse, inventée par les juges. Les missionnaires eux-mêmes n’ont pu savoir ce qu’il en était que bien longtemps après, quand ils purent obtenir une copie authentique de cette fameuse lettre. Quant à l’original, il fut conservé comme pièce à conviction dans les archives de la Préfecture de Séoul. Il y a 30 ans environ, ces archives furent dispersées, et Mgr. Mutel, par un heureux hasard, put obtenir ce précieux document. Écrit sur une pièce de soie, qui mesure 62 centimètres de long sur 38 de large et pèse 16 grammes, il est très bien conservé. C’est d’ailleurs une merveille de calligraphie et de micrographie, quand on pense que, sur un pareil espace, l’artiste a pu écrire 121 lignes, comprenant chacune en moyenne 110 caractères, ce qui fait plus de 13000 caractères en tout. Le seul fait que sa copie en caractères chinois ordinaires forme une brochure d’une cinquantaine de feuillets (format in-8), suffit pour donner une idée de ce qu’est ce travail de patience. Quand l’original fut remis à Mgr. Mutel, il y était joint un autre document, également sur soie, mais d’une espèce différente, portant un texte écrit avec des caractères plus grands, et ne donnant que quelques passages de la lettre d’Alexandre Hoang. À la fin de ce second document, figure une note qui semble indiquer qu’il s’agit d’une copie ou extrait de la lettre, et que cette copie a été envoyée à Pekin et en est revenue l’année suivante (1802). Vraisemblablement la cour coréenne avait des raisons particulières de ne pas communiquer tout ce qui figurait sur l’original. Aussi avait-elle cru bon de n’en faire copier que certains passages. Il est faux d’autre part, comme on l’avait longtemps cru et comme le rapporte le P. Dallet dans son histoire de l’Église de Corée, que cette lettre ait été écrite avec de l’encre sympathique : elle fut tout simplement écrite au pinceau et à l’encre de Chine, et les caractères sont restés jusqu’à ce jour d’une lisibilité étonnante.

ÉDIT ROYAL CONTRE LA RELIGION CHRÉTIENNE. (25 Janvier 1802) — Les ennemis de la religion, peu satisfaits que plusieurs personnages importants parmi les néophytes eussent été seulement