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mariage, firent vœu de virginité perpétuelle. Bientôt après, ils cueillirent la palme du martyre. Luthgarde est restée en grande vénération parmi les chrétiens : elle a écrit dans sa prison des pages d’une délicatesse exquise, et son écrit rappelle en tous points les actes des martyrs de la primitive Église.

À noter, enfin, la mort du célèbre Alexandre Hoang, à la fin de l’année 1801. Cet homme, remarquable par ses talents, avait renoncé au monde pour embrasser la foi chrétienne et seconder le P. Tjyou dans la propagation du christianisme : ce qu’il fit avec un dévouement sans égal. Au début de la persécution, il s’éloigna de Séoul et, réfugié dans une fabrique de poteries à Pairon (province du Tchyoung-tchyeng-to) écrivit de là à l’évêque de Pékin une longue lettre, dans laquelle il faisait le tableau des tribulations de l’église de Corée, et demandait qu’on vînt au secours des fidèles, dit-on pour cela employer la force armée. Cette lettre, qui était datée du 29 Octobre, n’arriva jamais à destination. En effet, un chrétien, nommé Hoang Thomas, qui était venu se concerter avec Alexandre et s’était engagé à envoyer la lettre à Pékin, fut tout à coup arrêté le 2 Novembre. Le 5 Novembre suivant, les satellites découvrirent la cachette d’Alexandre Hoang, qui fut arrêté lui aussi. On ne sait au juste qui était porteur de la lettre au moment de l’arrestation. Alexandre l’avait-il déjà confiée à Hoang Thomas, ou bien, comme le raconte le P. Dallet dans son histoire de l’Église de Corée, l’avait-il encore sur lui ? Ce point n’a jamais été complétement éclairci. Ce qu’il y a de certain, c’est que la lettre tomba en ce temps-là aux mains du gouvernement, et sa lecture jeta l’épouvante à la cour ; dans un projet chimérique en somme et qui n’avait été conçu que par trois ou quatre chrétiens, on vit un complot organisé par tous les catholiques pour appeler les Européens à leur secours. N’en avait-on pas une preuve authentique ? Aussi les prisonniers furent-ils traités en criminels d’État. Déclarés coupables de lèse-majesté divine et humaine, ils furent décapités et coupés en six morceaux, le 29 Novembre 1801.

Longtemps les chrétiens coréens ne purent comprendre les accusations que dès lors le Gouvernement ne cessa de lancer