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de Séoul on avait envoyé pour les chercher, semblaient plutôt entraver leur projet, essayant de les persuader que la présence de missionnaires européens était pour le moment trop dangereuse en Corée. En réalité, on le sut plus tard, c’était le P. Ryou Pacifique lui-même, qui cherchait à empêcher leur entrée. Il espérait ainsi s’assurer à lui-même la direction de la Mission : pour ce faire, il comptait envoyer en Chine de jeunes chrétiens coréens qu’il aurait fait étudier et ordonner prêtres. Pour lui, il se serait contenté de se ranger sous la juridiction lointaine de l’évêque de Pékin. Mgr. Bruguière, devant la résistance inexplicable de ses guides qui se gardaient bien de dévoiler toutes ces raisons, ne réussit à faire admettre sa décision qu’en les menaçant de l’excommunication. Devant la menace, ceux-ci se soumirent et l’évêque, le 7 Octobre 1835, put enfin se mettre en route pour gagner la frontière coréenne, qu’il avait décidé de franchir le premier. Hélas ! le courrier, qui devait apporter à M. Maubant la nouvelle de l’entrée de l’évêque en Corée, vint, quelques semaines après, apporter l’annonce de sa mort. Mgr. Bruguière, arrivé le 20 Octobre au village chrétien de Pie-li-keou (Mongolie), était subitement tombé malade, et une heure après, il était mort, assisté d’un prêtre chinois. Ainsi, comme un autre Moyse, le premier Vicaire Apostolique de Corée expirait sur les confins de la terre promise, n’ayant pu y mettre les pieds.

ENTRÉE EN CORÉE DU PÈRE MAUBANT. — Aussitôt qu’il reçut l’annonce de la mort de son Vicaire Apostolique, M. Maubant se mit en chemin, alla rendre les derniers honneurs à son évêque et de suite poursuivit sa route pour se présenter à, temps voulu à la frontière coréenne ; il voulait en effet profiter des rigueurs de l’hiver pour traverser plus facilement le fleuve Yalou, qui était gelé à cette époque de l’année. Tout réussit comme il le désirait : Revêtu du costume de deuil coréen, il put, à la faveur de ce déguisement, surmonter des obstacles sans nombre et gagner enfin la capitale, où il arriva en Janvier 1836, pour y rencontrer le Père Ryou. De suite, il se donna avec ardeur au saint ministère. Ne connaissant pas encore la langue, il conseillait à ceux qui savaient le chinois, d’écrire leur confes-